Après une jeunesse cévenole qui aurait dû être couronnée par de brillantes études, Jean-Pierre Chabrol se retrouve saisi par l'Histoire. Résistant, communiste de circonstance puis de conviction, dessinateur et journaliste avant d'être écrivain, Jean-Pierre Chabrol nous emporte dans une vie palpitante, truculente, tragique aussi. Ce 'romancier dans l'Histoire', dont la vie est façonnée par le XXe siècle, est avant tout un chantrede la révolte. Il le dit lui-même : outrer, outrage, passer outre, d'outre en outre, outre mesure... des mots que j'aime et qui pourraient me résumer entièrement.

A travers la lecture de l'intéralité d'une oeuvre qui demeure largement méconnue, Michel Boissard réussit le tour de force de restituer une vie au gré de ses quatre saisons : celle du maquisard, fondatrice ; celle du communard, un engagement communiste qui se heutera aux crimes staliniens ; celle du camisard, qui vaudra à Jean-Pierre Chabrol de rater le Goncourt sur un malentendu historique. La saison du Cévnol, englobant toutes les autres, nous rappelle, selon le mot d'André Chamson, que l'universel trouve sa source dans les racines de chacun. Jean-Pierre Chabrol définissait ainsi son 'pays' : La Cévenne, c'est une confidence.

La vie politique et sociale d'une ville s'incarne dans des lieux qui abritent des organisations et les hommes qui les animent. ces lieux évoluent avec le temps en fonction et au rythme des circonstances, les organisations également.
La maison du prolétariat de Nîmes (le Prolé), à la fois lieu vivant de rencontres de toutes sortes, siège d'une coopérative et port d'attache des forces socialistes puis communistes nîmoises, en est sans doute dans notre ville l'exemple le plus frappant. Elle en constitue l'une des originalités pour tous ceux qui y vivent et pour ceux qui la visitent.
A travers la succession des générations militantes, et les changements de lieu, une incontestable continuité marque son histoire, c'est celle des hommes qui aspirèrent à une vie meilleure et à une société plus libre et plus égalitaire. A ce titre seul, le Prolé de Nîmes méritait qu'on esquisse son aventure centenaire. Mais en même temps, un lieu comme celui-ci, quand il est fréquenté assez longtemps, quand il évolue en même temps que la cité, devient partie intégrante de la ville, dont il enrichit l'histoire et le patrimoine, dont il diversifie la culture.